Humanimalismes

Topographie de l’art 

Art Orienté Objet, Joseph Beuys, Tïa-Calli Borlase, Mat Collishaw, Alix Delmas, Jan Fabre, Robert Gligorov, Horst Haack, Joël Hubaut, Joachim Koester, Léa Le Bricomte, Catherine Mainguy, Joanna Malinowska, Maël Nozahic, Agnès Pezeu, Abraham Poincheval, Camille Sabatier

Paul Ardenne

Catalogue d’exposition

17 x 21 cm
64 pages en couleurs
Broché
isbn 978-2-36669-050-7
15 €

Catalogue disponible à la galerie

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L’art du tournant du XXIe siècle, comme aucun autre avant lui, goûte les hybridations humain-animal, la figure « humanimaliste ». Il ne s’agit plus, cette fois, dans une perspective kafkaïenne, de rabaisser l’humain au rang de la bête (Gregor Samsa, le héros malheureux de La Métamorphose, est changé par le sort en « un monstrueux insecte »), il ne s’agit pas plus d’avaliser, dans un élan aristotélicien, que l’homme, parce que doué de langage, s’élève au-dessus de la condition animale, mais, tout au contraire, de glorifier l’humain en le faisant devenir un animal. On suggère alors qu’à se rapprocher de l’animal, l’on démultiplie, humains que nous sommes, nos propres qualités – l’on devient humain en devenant animal. Tout se passe comme si ressuscitait, de façon anachronique, l’archaïque animisme, ce dispositif métaphysique immémorial où les humains, contre tout principe de séparation ontologique, se considèrent fusionnés au monde dans sa totalité, dont les animaux. Joseph Beuys, avec sa curieuse et prophétique performance Comment expliquer les tableaux à un lièvre mort (26 nov. 1965), semble donner une illustration tangible à ce retour en force de l’animisme, au-delà de la mort, au-delà du temps, au-delà de l’esprit de l’époque, celui d’une modernité qu’indiffère alors encore la cause animale. L’artiste allemand, son légendaire chapeau de feutre pour une fois dévissé de sa tête et celle-ci recouverte d’une peinture de couleur or, tient dans ses bras un lièvre mort qu’il promène devant chaque tableau qu’expose la galerie Schmela (Düsseldorf). Ce faisant, il lui souffle à l’oreille on ne sait quel secret, un secret que l’animal et l’humain, en l’occurrence, partagent comme un trésor de confidences.

 

 

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