Expérience photographique
Topographie de l’art
Patrick Bailly-Maître-Grand, Anna et Bernhard Blume, Pierre Cordier, Rodolf Hervé, Garry Fabian Miller, Gábor Osz, Catherine Rebois, Caroline Reveillaud, Georges Tony Stoll, Joel-Peter Witkin
Commissariat : Catherine Rebois
Catalogue d’exposition
17 x 21 cm
68 pages en couleur
Couverture souple à rabats + dorure
isbn 978-2-36669-036-1
15 €
Catalogue disponible à la galerie
Acheter en librairie indépendante :
Ailleurs :
Tenter une expérience, c’est faire l’essai de quelque chose. C’est la part de risque qui consiste à aller vers l’inconnu, c’est se mettre en danger.
L’expérience fait appel à l’expérimentation et à l’expérimental. Elle remet en question les paramètres établis des procédures photographiques. Expérimenter c’est se jouer des règles, déroger au processus, envisager autrement. S’affranchir de la lumière, du temps, des appareils ou de la surface plane dite photographique. C’est réinventer un rapport au monde qui retourne les préjugés, les conventions et les règles qui font “photographie“. C’est en quelque sorte reprendre son indépendance, s’émanciper de ce qui limite ou gêne dans un protocole prédéfini. C’est se réapproprier une façon de faire, différente et précise, qui s’inscrit cette fois en résonance.
La perspective de l’exposition, en dehors de sa thématique, est de faire cohabiter différents artistes photographes contemporains qui sont souvent dans une recherche conceptuelle. Certains font avancer l’idée même de ce qu’est la photographie en tant que médium, par un renouvellement des percepts, au sens Deleuzien du terme. L’idée, pour Deleuze, traverse toutes activités créatrices et le percept est « un ensemble de perceptions et de sensations qui survit à ceux qui les éprouvent. »¹. Le percept est donc ce qui reste des sensations et perceptions inventées par l’artiste une fois que celui-ci a disparu. D’autres sont dans l’expérimentation des formes ou de techniques complexes afin d’élargir la proposition. La forme, quoi qu’il en soit, accompagne l’idée de l’oeuvre.
Tantôt, l’expérience apparait dans le fond et les idées, tantôt dans la forme ou la technique. Elle peut aussi se révéler par l’engagement physique de l’artiste dans son oeuvre, expérience à proprement parler, comme avec la série “le couloir“ de Georges Tony Stoll.
Plusieurs approches donc, avec les 10 artistes qui font cette exposition, Anna et Bernhard Blum, Pierre Cordier, Patrick Bailly-Maître Grand, Rodolf Hervé, Garry Fabian Miller, Gábor Ősz, Catherine Rebois, Caroline Reveillaud, Georges Tony Stoll, Joel-Peter Witkin sur la notion même de l’expérience et de l’expérimentation. C’est bien cette diversité qui va une nouvelle fois nous retenir pour explorer l’étendue du potentiel de ce médium associé à l’expérience et à la photographie contemporaine.
L’expérience n’est pas simplement l’observation d’un phénomène, mais elle est aussi le fait de remettre à jour, de vérifier la cohésion qui s’opère entre le réel et l’idée de ce réel. Il est possible d’analyser les variantes de la pensée avec un médium comme la photographie qui restitue des formes en transformations permanentes. Cela exige une autonomie réelle, une expérience tangible, et aussi que l’art soit toujours autre chose que de l’art.
C’est bien cette confrontation de singularités et de cohésion, de celles qui tentent l’expérience, qui va nous interpeller avec cette exposition. Elle va sans doute aussi nous révéler une nouvelle version de ce que pourrait signifier faire expérience.
La photographie, ici, se révèle à elle même en quelque sorte.
¹ L’abécédaire de Gilles Deleuze, de Pierre Boutang et Claire Parnet, lettre I comme Idées,1989.
Catherine Rebois
Vue d’exposition