Estuaire – Monumentale nature

Le Voyage à Nantes / Estuaire

 

Ange Leccia, l’atelier Van Lieshout, Angela Bulloch, Rolf Julius, Jean-Luc Courcoult, Jimmie Durham, Jeppe Hein, Erwin Wurm, Tatzu Nishi, François Morellet, Daniel Buren & Patrick Bouchain, Mrzyk & Moriceau, Romain Signer, Sarah Sze, Tadashi Kawamata, Kinya Maruyama, Huang Yong Ping, Felice Varini, Gilles Clément

Erwan Balança, Franck Latraube. Préface de Jean Blaise

Livre d’art

26 x 34 cm
144 pages en couleur
couverture souple à rabats
isbn 978-2-36669-005-7
30€

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Le Paysage, l’Art et le Fleuve, était le sous-titre des trois éditions d’Estuaire, construction en trois actes, d’une collection permanente de vingt-huit œuvres sur vingt-deux sites de l’estuaire. Il indiquait une façon – la plus pertinente pour nous – de pratiquer le parcours d’une manifestation artistique plutôt atypique qui accordait autant d’importance aux trois acteurs de l’aventure dont la réussite tiendrait à la justesse de leurs dialogues.

Les artistes ont aimé cette contrainte de créer in situ, de donner du sens au territoire duquel leur œuvre surgissait, ou de tirer leur sens de ce territoire. Cette collection précieuse ne peut être déplacée, elle appartient à jamais à l’estuaire de la Loire et jusqu’à présent nous n’avions pas réussi à montrer ce qu’Erwan Balança et Franck Latraube viennent de faire : à quel point le tout existe aujourd’hui.

Les œuvres sont intégrées à la nature, et la faune progressivement s’y est installée. Les oiseaux sont autant d’acteurs splendides ou ridicules (je pense à mon préféré, ce pauvre Rouge-queue mal repassé) qu’on n’imaginait pas là, si près de nous, vivant leur vie.

La question pourrait se poser de savoir si nous avions le droit d’intervenir une fois de plus dans cette nature bousculée au fil des siècles, déjà transformée par les industries et le port ? Une personne, un jour, sans agressivité, m’a abordé sur le quai des Antilles – alors que Daniel Buren et Patrick Bouchain venaient de réaliser les Anneaux – pour me reprocher de lui avoir volé son paysage : « Je venais ici, avant, parce qu’il n’y avait personne, j’avais la vue libre sur l’estuaire… ». Elle s’est éloignée sans me laisser le temps de lui répondre. Elle m’avait vraiment troublé et fait douter. La création artistique pouvait-elle être nocive ? Elle avait peut-être raison.

Mais je pense, je crois, j’en suis à peu près sûr, j’en suis presque certain, l’art dans la nature, ou se superposant à la nature dans l’espace public urbain, quand il est juste et généreux, est un hommage de l’homme au mystère de la planète. Le besoin de créer, irrépressible, nous console de l’absurdité des événements du monde. Sans lui, nous serions pauvres et tristes.

Jean Blaise
Directeur de la société publique locale Le Voyage à Nantes

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